RÉTROVISEUR
La foire des barricades ?
Les vœux 2016 de J.-
Le bouillant édile a prouvé, une fois de plus, qu’il était sans complexes en posant avec ses conseillers dans un remake du célèbre tableau d’Eugène Delacroix connu sous les nom de La Liberté guidant le peuple mais d’abord exposé en 1831 sous le titre Scènes de barricades. L’idée serait de Mathilde Gorges, chargée de communication.
L’œuvre du peintre romantique, conçue il y a bientôt deux cents ans, a acquis une symbolique que personne ne peut ignorer, et certainement pas le maire de Chartres. Reproduite, entre autres, sur des timbres poste ou des billets de banque, la femme qui en constitue la figure centrale est utilisée comme le symbole de la Liberté ou de la République (bonnet phrygien réactualisé au temps de la Révolution française).
Aussi, quand on fait référence à une telle œuvre, on s’expose à être comparé à l’original.
Remarquons d’abord, qu’il n’est point question ici de barricades, pas de poutres, de palissades démantelées, de pavés descellés mais des objets bien propres, bien lisses, bien banals.
Pas de cadavre non plus ! Ni de pauvre, ni d’ouvrier en bleu, Chartres n’est pourtant pas dépourvue de ces populations défavorisées qui occupent une partie de la toile de Delacroix.
Les personnages du tableau ont un regard intense dirigé vers leur but : défaire les troupes de Charles X qui vient d’instaurer une impitoyable censure de la presse et renforcer le caractère censitaire des élections. À l’inverse, nos conseillers chartrains regardent dans toutes les directions et leur chef (mais est-
C’est donc logiquement que le buste minéral de Marianne ne dépasse pas la ceinture du maire ! Cela correspond-
Si l’on pousse plus loin la comparaison, il faut savoir que le tableau est inspiré à Delacroix par l’insurrection des 27, 28 et 29 juillet 1830, connue sous le nom des « Trois glorieuses », qui met un coup d’arrêt à la volonté de Charles X et de l’aristocratie de restaurer complètement la monarchie des Bourbons en abolissant la Charte constitutionnelle de 1814. Pour autant, si le peuple laborieux est l’acteur essentiel de ces journées (6000 barricades, 2000 morts, 5000 blessés, à 90 % des insurgés), c’est la grande bourgeoisie commerçante et industrielle, inquiète du mouvement populaire, qui tire les marrons du feu, en réussissant à imposer Louis-
Delacroix, qui a bénéficié des commandes royales, et en bénéficiera encore sous la Monarchie de Juillet, est à l’image de ces libéraux méfiants du peuple mais admiratifs de son courage. Resté prudemment chez lui lors de ces journées, il écrira : « si je n’ai pas vaincu pour la patrie, au moins peindrai-
Finalement, le happening de Jean-
L’affiche signée Aurélia Thévenin(*) est bien fade comparée à la force de la peinture de Delacroix.
Pour ses vœux 2017, nous proposons à Jean-
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Note :
* Aurélia Thévenin, auteure de la photo, est collaboratrice du célèbre photographe Gérard Rancinan installé au CM101 du Coudray depuis l’année dernière.
ENSEMBLE FORUM 28
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