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ÉCOLOGIE

OGM cachés : où en est-on ?

La conférence de Christian Vélot à Chérisy, le 25 septembre


   « Je suis un enseignant-chercheur du service public et j’estime que cela fait partie de ma fonction de s’adresser au grand public. La science ne se fait pas en vase clos. Elle doit  se faire avec et pour les citoyens. » C’est par cette proclamation pertinente que Christian Vélot, enseignant-chercheur en biologie à l’Université Paris-Sud, a commencé sa conférence  intitulée « OGM cachés : nouvelles techniques de manipulation du vivant. Où en est-on ? » lors du salon organisé par l’AVERN.


   C’est avec une passion non dénuée d’humour qu’il a tenu ses auditeurs en haleine pendant 1 h 40 avant de répondre à leurs nombreuses interrogations. Il ne peut être question ici de rapporter toute la richesse de cette rencontre mais simplement de pointer quelques aspects essentiels pour donner envie d’en écouter1 l’intégralité ou de se reporter à son livre2. On voudra bien excuser les éventuelles imprécisions, voire les erreurs de ce compte rendu, l’auteur n’étant pas un spécialiste de ces questions.


   Pour faire comprendre les problèmes posés par les manipulations génétiques de plantes, Christian Vélot pose d’abord des notions de base.

 

Il n’y a donc rien de commun entre aller à la pharmacie chercher un médicament (par exemple l’insuline pour les diabétiques) obtenu par technologie OGM et consommer un OGM. « Les OGM dans l’agriculture et dans l’alimentaire, c’est prendre les citoyens pour des cobayes et prendre la planète pour une paillasse de laboratoire. » Le fait d’introduire les OGM dans l’agroalimentaire pose des questions environnementales et introduit des risques sanitaires nouveaux. On utilise la vitrine médicale pour servir des arguments agricoles.


Les gènes sont des « bouts de chromosomes ». Les chromosomes sont le support de l’hérédité, leur nombre et leur nature caractérisent chaque espèce vivante. Un être vivant est constitué de cellules ayant toutes les mêmes gènes. Mais les cellules ont des spécialités (ex. chez l’humain, cellules du cerveau ou du foie qui remplissent des fonctions différentes) qui sont dues à la mise en fonction ou non, de certains gènes.

   Il existe de nombreuses façons de modifier le patrimoine génétique d’une plante dont les plus connues sont :


1/La transgénèse qui consiste à introduire un gène étranger dans le patrimoine génétique d’un autre être vivant, par exemple celui d’une bactérie insecticide dans l’ADN d’un maïs.


2/ La mutagénèse consiste à modifier la formulation des gènes d’un organisme vivant en le soumettant à un traitement chimique ou physique, par exemple pour faire des plantes tolérantes à l’herbicide.


   Les OGM transgéniques sont reconnus par l’Union Européenne tant sur le plan technique que sur le plan juridique. Plus aucun n’est cultivé en France depuis 2008. Jusqu’à cette date les cultures devaient être déclarées en mairie et être soumises à des évaluations sanitaires et environnementales, cependant très insuffisantes.

   Par contre, si les OGM obtenus par mutagénèse sont reconnus comme des OGM sur le plan technique, ils ne le sont pas sur le plan juridique, c’est ce qu’on appelle les OGM cachés. Ils peuvent donc  être cultivés sans déclaration et sans évaluation. C’est le cas, en France, pour des colzas et des tournesols résistants aux herbicides qui fournissent des huiles alimentaires. De plus, des plantes OGM ne sont pas cultivées en France mais sont présentes dans des aliments pour animaux importées des Amériques, tels les tourteaux de soja tolérants au Roundup, c'est à dire contenant ce pesticide, qui se retrouve dans la chaîne alimentaire jusque dans l’assiette.


   De plus, de nouvelles technologies sont déjà utilisées hors d’Europe. Elles font l’objet, actuellement au niveau de l’UE, d’une bataille pour savoir si les plantes issues de ces manipulations seront considérées comme OGM au plan juridique ou non et, si c’est « non », être exemptées de toute déclaration et de toute évaluation !


   S’ajoute à ces dangers, le fait que les évaluations, confiées aux laboratoires des firmes (Monsanto, Bayer…) sont couvertes par le secret industriel et donc invérifiables par des laboratoires indépendants comme le CRIIGEN3 en France. Des batailles juridiques lourdes et coûteuses sont nécessaires pour obtenir la communication de ces études.


   Ces tests sont faits de manière insuffisante. Retenons dans ce compte-rendu seulement deux aspects :


1. Ces plantes qui ont développé des capacités pesticides par manipulation génétique contiennent des pesticides que l’on consomme. Or, elles ne sont pas évaluées comme des pesticides et échappent, par exemple, aux tests toxicologiques à 3 ans sur le rat qui permettraient de détecter des maladies chroniques.

2. L’évaluation des pesticides se fait sur le prétendu principe actif. Dans le cas du Roundup, c’est le glyphosate. Or, les études montrent que le Roundup est 100 à 1000 fois plus toxique que le glyphosate!


   Christian Vélot  conclut par une note optimiste en montrant que la convergence de combats divers et nombreux ont permis de contrecarrer le plan des semenciers qui était d’avoir 50% des surfaces cultivées en plantes transgéniques en 2000 en Europe : en 2016, il y en a moins de 1% !


 Pour engranger d’autres victoires, le combat fédérateur entre les lanceurs d’alerte, des  scientifiques, des professionnels et le grand public est, aujourd’hui, de gagner l’interdiction de breveter le vivant qui permettrait, entre autres, aux paysans de retrouver la maîtrise de leurs semences.


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1. Contacter l’AVERN ou nous écrire à l’email ensemble@forum28.net pour accéder à l’enregistrement audio intégral.

2. « OGM, tout s’explique », Éditions Gouttes de Sable, 2009, 20 €. [Ci-contre]

3. Comité de recherche et d'information indépendantes sur le génie génétique (CRIIGEN) dont Christian Vélot est le vice-président et qui compte parmi ses membres Joël Spiroux (président) et Gilles-Éric Séralini.

Colzas dans la campagne prcheronne : OGM ou pas ?

Aucune culture transgénique,  maïs inclus, n’est pratiquée en France depuis 2008

POUR LIRE LE COMPTE-RENDU DE LA CONFÉRENCE DE MARC DUFUMIER SUR L’AGRICULTURE BIO PRONONCÉE LE MÊME JOUR, CLIQUER ICI