« Peut-on ignorer les drames qui se jouent aux frontières de la France ? » interrogeait une porte-parole du collectif Eure-et-Loir-Terre d’Accueil, ce vendredi 10 février devant la préfecture. Sans conteste, la quarantaine de personnes réunies (suite à un appel lancé seulement mardi à l’initiative du CRSP28) répondaient « Non ! ». Et beaucoup arboraient le logo du collectif national « Délinquants Solidaires » explicité par son sous-titre « Si la solidarité avec les étrangers est un délit, alors nous sommes tous des délinquants ».

Le manifeste des « Délinquants Solidaires » fut lu dans son intégralité, puis des informations ont été données sur les pratiques de l’État dans le Sud-Est du pays : la surveillance de la frontière avec l’Italie « censée répondre à une nécessité antiterroriste permet surtout d’interdire le passage en France aux personnes en migration. Les contrôles se font dans les gares, dans les trains, le long des voies de passage entre l’Italie et la France. Amnesty International a réalisé, il y a deux semaines, une mission d’observation dans les Alpes-Maritimes et dénonce le non-respect de la législation française sur le contrôle aux frontières, les atteintes au droit d’asile et le non-respect des droits de l’enfant ».

Les carences de l’État dans l’application de ses propres lois convainquent de nombreux citoyens à se montrer solidaires des personnes en migration. Mais celui-ci s’appuie sur des lois votées pour combattre les trafiquants et passeurs qui s’enrichissent aux dépens des réfugiés pour sanctionner la solidarité désintéressée ! Plus d’une vingtaine de personnes font l’objet, actuellement, de procédures judiciaires pour ce qu’on pourrait appeler un délit de solidarité.

Pendant le rassemblement a été connue la condamnation à 3.000 € d’amende avec sursis de Cédric Herrou pour avoir hébergé et transporté des étrangers.

Cette annonce a conforté les participants au rassemblement dans leur volonté de poursuivre et la solidarité avec les migrants et l’action  contre la pénalisation de celle-ci.

Cette manifestation s’est achevée par la lecture d’un extrait du blog d’un autre « délinquant solidaire », Pierre-Alain Manoni :

« Mon geste n’est ni politique, ni militant, il est simplement humain. L’histoire et l’actualité nous montrent suffisamment que la discrimination mène aux plus grandes horreurs et pour que l’histoire ne se répète plus, nous devons valoriser la solidarité et éduquer nos enfants par l’exemple ».