«L'Écho» au bord de la crise de nerfs
L’Écho républicain, l’unique quotidien d’Eure-et-Loir, ne se porte pas bien. Doux euphémisme. La nouvelle politique du « web first » décrétée par le groupe Centre France - dont l’Écho n’est qu’une antenne secondaire - est clairement contestée au sein de la rédaction chartraine.
Qu’on se le dise, la version papier du journal n’est plus la priorité ; elle est condamnée à moyen/long terme au profit du site Internet, actuellement en refonte. Le lancement de la nouvelle mouture interviendra dans quelques semaines.
Mortelle transition numérique
Concrètement, les journalistes, dont l’effectif a fondu ces dernières années, sont à bout de souffle. Même les jeunes recrues au départ très contentes de signer un cdi après la galère des cdd et donc forcément dociles, commencent à renâcler. De fait, le « burn out » se profile à l’horizon.
Bientôt, tous devront rédiger un premier papier pour Internet, puis, dans la foulée, un autre pour le journal papier. De plus, ils devront alimenter l'actualité en temps réel, réaliser des directs live Internet (pour les rencontres sportives, les faits-divers, les affaires judiciaires), alimenter les blogs (échorando, échorun…), animer les pages Facebook, twitter le moindre micro-événement depuis n'importe quel bled du fond de l'Eure-et-Loir. Leurs journées n’auront plus de fin, sous la pression permanente de la rédaction en chef. Prendre le temps d’investiger ? N’y pensez même plus…
Souffrance professionnelle
Récemment, plusieurs salariés ont détaillé à la médecine du travail le traitement de choc qui leur est réservé. Celle-ci a jugé la situation assez grave pour se manifester auprès de la direction générale, laquelle s’est sentie obligée de s'attacher les services d'un cabinet de relations humaines afin de mesurer l'étendue des dégâts.
Les cadres ont été entendus en entretiens individuels, la base en réunions collectives. Tout le monde a pu exprimer sa souffrance au travail. Et la parole s'est libérée en remettant sérieusement en cause le management - viril - du journal.Les résultats du cabinet RH seront restitués prochainement, mais que faut-il en attendre ?
Éric Moine, le rédac’ chef de L’Écho, servira-t-il de bouc émissaire, sera-t-il placardisé ? Ce disciple de feu Jean-Pierre Caillard, l’ancien gourou du groupe Centre France décédé en 2012, a effectivement du souci à se faire.
Damien Caillard, fils du défunt pdg, n’a-t-il pas quitté le groupe en toute discrétion il y a quelques mois ?
Une révolution de palais est en cours, ceux qui ont pris le pouvoir à Clermont, la maison-mère - les tenants du tout Internet -, ambitionnent de faire table rase du passé. Sans états d’âme. Le sang coule déjà sur les murs...
Publié le 20 Octobre 2016