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SOCIAL/LUTTES

Maternité de Châteaudun


Une marche réussie

pour le maintien d’un service public vital


Samedi 16 décembre, la population du bassin de vie de Châteaudun a répondu à l’appel du Comité de défense qui a organisé cette mobilisation avec les syndicats. Entre 600 et 800 personnes ont marché dès 10 heures du matin, de la place du 18 octobre, déjà sous le signe des fêtes de Noël, jusqu’à l’hôpital, en passant par la place de la Liberté animée par le marché hebdomadaire. Le long du parcours, des habitants se joignaient au défilé bruyant et offensif qui réunissait, fait rare et spectaculaire, les personnels du Centre hospitalier, plusieurs dizaines d’élus ceints de leur écharpe tricolore et des habitants dans leur diversité, de la ville de Châteaudun et des communes limitrophes ou du Grand Châteaudun. Parmi les professions médicales représentées, les infirmières, les sages-femmes et les aides-soignantes étaient particulièrement remarquées, étant les plus dynamiques, criant des slogans, chantant et même chorégraphiant leur refus de la fermeture de la Maternité et sa transformation en Centre de périnatalité (suivant femmes enceintes et bébés uniquement avant et après la naissance). Comme cela a été le cas à Nogent-le-Rotrou en 2003.



La dégradation a été voulue : Il tient à rappeler une donnée essentielle qui permet de mieux comprendre la situation. La France, il y a 20 ans, était à la première place selon l’Organisation Mondiale de la Santé, « sur le plan sanitaire, de l’organisation des soins, de l’accessibilité aux soins, du niveau de soins. Aujourd’hui, on a fermé et on veut fermer les dites ‘petites’ maternités sous prétexte qu’elles seraient incompétentes par inexpérience. C’est une formulation scandaleuse contre laquelle on doit lutter. » Les jeunes sages-femmes ont suivi 5 ans de formation ce qui en fait « des sages-femmes de haut niveau, elles doivent être respectées » « Cette situation on doit la dénoncer. Les responsables politiques de la situation qui se crée aujourd’hui auront à rendre compte historiquement. » Paul Cesbron s’indigne que les transformations sanitaires actuelles nous mettent au douzième rang mondial. « Les 2/3 des maternités ont été liquidées. L’objectif est de réduire les dépenses de santé publique : on ferme des hôpitaux, des lits, on réduit le personnel, on consacre moins d’argent à la santé… Ce doit être une priorité nationale, pour le bien-être de tous ».


Pas assez de médecins. « Cela a été organisé. C’est en 73 qu’on est passé de 8500 médecins formés par an à 3500 et on a maintenu ce chiffre pendant plus de 20 ans. Aujourd’hui, c’est environ 8000 c’est-à-dire moins qu’en 1973 et notre population a augmenté de plus de 50% entre 1945 et aujourd’hui ».


« Cette manifestation est du côté de la vie, du bonheur. On sait, dans le monde entier, que les dépenses de santé augmentent plus vite que le PIB. Eh ! alors ? C’est un choix de société, c’est normal ». « On a chacun besoin des autres. Tout notre argent devrait être consacré au mieux-être.»


 Quand la manifestation a atteint le site de l’Hôpital, le Comité de défense, les syndicats CFDT, FO et CGT, le maire de Châteaudun et le député ont pris la parole. Le compte-rendu de ces interventions sera dans notre prochain article. Pour terminer, est intervenu un invité remarqué : Paul Cesbron, de la Coordination nationale des Hôpitaux et Maternités de proximité venu soutenir cette mobilisation de son expérience de nombreuses années de défense obstinée du service public de santé sur tout le pays. [Voir ci-contre]


Les menaces de fermeture n’ont rien d’imaginaire


Dominique Garcia, membre du comité de défense (Comité pour l’Amélioration du service public hospitalier à Châteaudun) dénonce les dégradations de la situation depuis 10 ans avec la fermeture de la chirurgie conventionnelle. « Les femmes ont droit à la même qualité de service partout », affirme D. Garcia. « Au niveau national il y a des coupes sombres depuis de nombreuses années dans les budgets des hôpitaux publics ». La création des GHT (Groupements hospitaliers de territoire) correspond au souci de mutualiser pour faire des économies. Cependant, l’ARS (Agence régionale de santé) peut appliquer à la lettre les directives ou bien entendre ce que disent la population, les comités d’usagers. Le Comité est reçu régulièrement par l’ARS. Mais l’agence régionale ne communique pas volontiers comme le montre la fermeture du service de cardiologie de Châteaudun, toute dernière décision de l’ARS, que le comité vient d’apprendre. À terme, D. Garcia voit se profiler la fin de l’hôpital si la maternité n’est pas maintenue.


 La pétition que le Comité a lancée a atteint à ce jour 12000 signatures, elle est toujours proposée à la signature en cliquant ici.



Interview de Paul Cesbron



Paul Cesbron, gynéco-obstétricien, est membre de la Coordination nationale des Hôpitaux et maternités de proximité. Il dénonce le discours qui présente les petites maternités comme dangereuses et donne en exemple de grandes maternités parisiennes qui ont été fermées elles aussi. Il a été en fonction dans une maternité de 1800 à 2000 bébés « c’est déjà beaucoup, dit-il, les bébés c’est pas comme des voitures ! »



Un cortège loin d’être abattu : témoignages


Les infirmières sentent leur avenir menacé. L’une d’elles demande « le maintien des soins de proximité pour tous » parce que « l’hôpital est un lien social ». Toutes craignent l’engorgement des autres centres hospitaliers où elles devront travailler dans de plus mauvaises conditions.

De nombreuses femmes, aides-soignantes et sages-femmes de la maternité vantent les conditions humaines de la maternité de Châteaudun, de ces petites structures plus attentives aux besoins de l’accouchée.


Une jeune femme enceinte dont la grossesse nécessite du repos craint les longues distances. Une autre dame se dit opposée aux « hôpitaux-usines ». Elle raconte avoir subi un problème grave une fois chez elle, après un accouchement dans la maternité d’un grand hôpital parisien, ayant été renvoyée au bout de trois jours.


Florence, aide-soignante depuis 25 ans, qui travaille de nuit, revendique son choix d’une petite structure. Du fait de la fermeture de lits dans les autres hôpitaux du département elle s’attend à ce que les accouchées quittent la maternité de ces grands centres de plus en plus tôt.

Elle, est fière de faire connaître l’association Bien naître** créée par le personnel de la maternité afin d’améliorer le quotidien des mamans et des familles.


Un jeune papa incrimine l’organisation du GHT dont le président est « juge et partie » en tant que directeur de l’hôpital de Chartres. Il considère que la maternité de Châteaudun va bien, que les gynécologues sont présents et compétents.  

Jean-François, usager, que Chartres, Orléans, Vendôme sont trop éloingnées. Il évoque la fermeture du Tribunal et d’autres services publics. La population diminue, la ville perd de son attractivité.

Le Diaporama de la manifestation

Toutefois, la morosité n’était pas au programme. Cet état d’esprit combatif est une force. Tout le monde promet de rester mobilisés. Face aux exigences gouvernementales portées par l’ARS, seule une co-organisation de la lutte et une co-élaboration des propositions pour l’avenir de la maternité et de l’hôpital sera à même d’éviter la division qui conduirait à une démobilisation.


Lire la deuxième partie de notre reportage avec les interviews et le compte rendu des prises de paroles :


MATERNITÉ DE CHÂTEAUDUN : QUI DIT QUOI ?

2ème partie

Qui

dit

quoi