On le sait, la fermeture du Collège Jean-Moulin a été programmée conjointement par la mairie de Chartres et le Conseil départemental pour laisser place, face à la cathédrale, à une vitrine touristique de l’industrie cosmétique. Persuadés que cette fermeture est injustifiée, les parents, les personnels et les syndicats [les opposants à ce projet] n’ont pas hésité dès le début de leur combat à convoquer la mémoire de Jean Moulin.
Samedi matin ils se sont réunis, à près de 200, devant la Préfecture, rejoints par des représentants des collèges Soutine (St Prest) et Mathurin Régnier (Chartres) qui devraient accueillir plusieurs centaines d’élèves de Jean-Moulin à la rentrée 2017. T-shirts aux couleurs de ces autres collèges, percussions, tuba, grande banderole et pancartes donnaient le dynamisme nécessaire à l’événement. Des parents ont lu une déclaration dénonçant le caractère inacceptable de la décision unilatérale du Conseil départemental.
Et le cortège s’est dirigé vers le Monument Jean Moulin. Pierre Licout, secrétaire de la Fédération syndicale unitaire (FSU 28) a rappelé que le Collège portait le nom d’une grande figure de la Résistance qui était préfet d’Eure-et-Loir en 1940 quand il fut torturé pour avoir refusé de livrer des tirailleurs sénégalais (26ème Régiment) accusés faussement d’atrocités par l’occupant allemand exaspéré par leur courageuse opposition militaire. Ce 18 juin, date anniversaire de l’appel à la Résistance du général De Gaulle, les participants ont observé une minute de silence.
Le cortège est reparti, toujours aussi bruyant, dans les rues du centre-ville, en faisant un nouvel arrêt devant le Conseil départemental. Le Président, Albéric de Montgolfier y fut accusé d’ « enfumer » les parents et les personnels: « Albéric t’es pas chic, ton projet cosmétique il sent pas bon, tu nous enfumes » et des fumées vertes ajoutèrent leur note colorée à ce rassemblement déjà bien remarqué. Les slogans ont résonné dans les rues piétonnes très fréquentées : « Mathurin, Soutine, Jean-Moulin, même combat» ou «Mixité, République ».
Devant le collège, des enseignants ont mis en lumière les nombreux projets pédagogiques et éducatifs (en particulier en Français, en Musique avec des classes musicales ou dans le domaine de la citoyenneté). Les enseignants craignent que l’équilibre trouvé à l’intérieur du collège J-Moulin, comme des autres collèges qui recevront les élèves, soit mis à mal. Ils refusent l’éclatement qui leur paraît « inenvisageable » et exigent le transfert du collège, de mur à mur, quand les aménagements du site prévu seront achevés. Rappelons que la lutte unitaire des parents et des personnels a obtenu le report à la rentrée 2017 du départ des élèves du collège vers trois autres établissements.
M.C.