ENSEMBLE FORUM 28

ENSEMBLE FORUM 28

ACCUEIL POLITIQUE/CITOYENNETÉ SOCIAL/LUTTES ÉCOLOGIE SOLIDARITÉS MONDE RÉTROVISEUR POINTS DE VUE ENSEMBLE! AILLEURS SUR LES SITES CULTURE(S) AGENDA

ÉCOLOGIE

Le bio peut-il nourrir le monde ?

La conférence de Marc Dufumier à Chérisy, le 25 septembre

    

    Lors du salon de l’AVERN, le 25 septembre à Chérisy, Marc Dufumier, ingénieur agronome, était invité à répondre à la question « L’agriculture biologique peut-elle nourrir le monde ? ». Il n’est pas question dans ce bref compte-rendu de retranscrire tout le raisonnement et toutes les informations exposées par le conférencier. Pour écouter l’enregistrement audio de l’intégralité de l’échange (exposé + questions / réponses), prendre contact avec l’AVERN ou envoyer un email à l’adresse de notre site.


  Marc Dufumier, d’entrée, reformule et précise la question en « L’agriculture biologique peut-elle nourrir correctement et durablement l’humanité tout entière ? »1


       Par « correctement », il entend sans avoir recours aux pesticides2 dans les cultures et aux antibiotiques3 dans l’élevage.

          Par « durablement », il entend éviter les pollutions diverses du cadre de vie en raison d’une production avec intrants chimiques et pesticides mais aussi penser aux générations futures. Si on prend le cas de beaucoup de pays du Sud où sévit la famine ou la sous-alimentation, une croissance rapide des rendements est nécessaire mais cela ne doit pas se faire, par exemple, en détruisant l’humus des sols. Cela signifie aussi veiller à ce que les abeilles ne disparaissent pas car elles sont les pollinisatrices d’un très grand nombre de plantes : pommier, poirier, tournesol, colza…4


       Puis Marc Dufumier interroge : « Est-ce que c’est parce qu’on manque de nourriture que 800 000 000 de Terriens ont faim et que 1 milliard d’autres souffrent de malnutrition, de carences diverses et sont  moins résistants aux maladies et voient leur espérance de vie réduite ? » La réponse est catégorique : NON ! Pour nourrir la population mondiale actuelle de façon modeste mais correcte, il faut l’équivalent de 200 kg de céréales par personne, or la production est de 330 kg. Ce sont les inégalités de revenus qui ne permettent pas aux plus pauvres d’acheter ce dont ils auraient besoin.5   

 Au plan économique,


Au plan technique, l’augmentation des rendements à l’hectare dans les pays du Sud tout en respectant l’environnement, la biodiversité et en réduisant l’effet de serre.


      Au vu de l’expérience négative de nos pays « avancés », l’agriculture extensive ne peut être une réponse. Pas plus que le semis de variétés transgéniques cultivables dans plusieurs régions /climats mais nécessitant des pesticides et fragilisant les écosystèmes.  Il va donc falloir une plus grande diversité de variétés cultivées.


Les principes à mettre en œuvre sont :



  Une personne qui travaille à la main dans une ferme malgache produit 1 000 fois moins de nourriture qu’un agriculteur du Nord qui utilise tracteur, moissonneuse et engrais chimiques et il y a 200 fois plus de travail humain dans un sac de riz malgache que dans un sac de riz camarguais… vendus au même prix sur le marché mondial. Il y a urgence à mettre fin à cette concurrence absurde.

            Mais pour préserver ou rétablir un cadre de vie sain, l’agriculture biologique est-elle en capacité de nourrir tous les hommes dans un avenir proche ?


       Marc Dufumier propose plusieurs axes pour réussir, et notamment :

 

  => en cultivant des légumineuses (luzerne, trèfle, sainfoin, soja, arachides, lentilles, haricots…) pour produire les protéines nécessaires à l’alimentation7.

  => en débusquant les éléments minéraux (calcium, phosphore, potassium, oligo-éléments…) présents dans le sous-sol et nécessaires aux plantes, aux animaux et aux humains, en favorisant, par exemple, le rôle de certains champignons mycorhiziens.


    Et Marc Dufumier de conclure : « On ne manque pas de solutions biologiques. D’un point de vue strictement technique, nourrir correctement et durablement l’humanité tout entière, sans avoir recours aux engrais de synthèse, en économisant au maximum l’énergie fossile, en ayant nullement recours aux produits en cides, c’est absolument possible. Je suis catégorique, on peut nourrir bien plus que 9,5 milliards d’habitants ».

Utiliser l’énergie solaire sans modération !

Épandage de pesticides sur un champ de soja

Soja et maïs intercalés

POUR LIRE LE COMPTE-RENDU DE LA CONFÉRENCE DE CHRISTIAN VÉLOT SUR LES OGM PRONONCÉE LE MÊME JOUR, CLIQUER ICI

__________________

1. C’est-à-dire 9,5milliards d’humains en 2050 (7,3 actuellement). Il faut se préparer, dans les 35 prochaines années, à un doublement de la demande en production végétale pour nourrir les humains soit directement soit indirectement via les animaux.

2. Les résidus pesticides, qui sont des perturbateurs endocriniens, risquent de faire baisser la limite de « vie en bonne santé » d’une dizaine d’années dans les générations postérieures à celles de l’après-guerre.

3. À force d’ingurgiter les antibiotiques qui sont, par exemple, dans la viande ou le lait, nos microbes deviennent résistants à ces médicaments.

4. Dans certaines régions des Etats-Unis des apiculteurs nomades se déplacent déjà pour assurer la fécondation des arbres fruitiers.

5. Les 3/4 de ces pauvres sont des paysans des pays du Sud dont les productions sont concurrencées par les excédents des pays les plus riches et par des produits de mauvaise qualité (poulets de 40 jours, poudre de lait…).

6. Il faudrait dans le même temps varier les assolements, par exemple en France, pour devenir autonomes dans la production de protéines végétales (lentilles, haricots, soja…) pour l’alimentation humaine et animale.

7. Au lieu d’utiliser des gaz très coûteux, issus d’énergies fossiles, tels ceux importés par la France de Russie ou de Norvège pour fabriquer des engrais azotés de synthèse.